En direct des festivaux : Lamballe 2012 (par Tutu Reporter)

Un certain Tutu, de sinistre mémoire, vient d'envoyer ceci à ta Tata. On le croyait disparu pourtant celui-ci...

Lamballe 2011 : toutes et toutes attendant l'hélicoptère qui
devait livrer une plante verte, mais finalement
c'est un auteur qui a été déposé, dont nous tairons le nom

En direct des festivaux : Lamballe 2012
À Lamballe, la brume, le samedi, on pouvait la couper au couteau si nous en avions eu un mais chacun n’avait apporté qu’un stylo – bille ou mont blanc selon les moyens.
À Lamballe, le dimanche, le ciel était bleu comme un geste de Brautigan et le soleil arrivait à caresser les fumeurs qui fumaient dehors car dedans je crois que ça va pas être possible, pas possible.
À Lamballe, la salle de bal était désespérément occupée par des polardeux et quelques polardeuses au grand dépit de deux veilles dames qui voulaient guincher.
À Lamballe, c’était la quinzième édition de Noir sur la ville, Tutu y était à la première, qu’on-t-il fait pendant les 13 autres ?
À Lamballe, les bénévoles bénévolent, les organisateurs organisent, les serveurs servent, les libraires se battent avec les cartons et les écrivains rédigent de courtes dédicaces sur leurs livres devant les yeux ébahis des enfants s’étonnant qu’on puisse écrire sur un livre sans se faire gronder.
À Lamballe, tout le monde avait 15 ans et avait apporté sa photo, son bulletin scolaire, son disque fétiche, son journal intime et tout ça était collé sur un grand mur blanc ou exposé sous deux vitrines. Chacun s’est amusé à reconnaître chacun sur les photos et dans les objets.
À Lamballe, le maire, Loïc, a déjanté raisonnablement – il serait coutumier du fait - et a gratifié l’assemblée d’un discours à tiroirs, à références et aussi long qu’il avait dit qu’il allait faire court.
À Lamballe, le blanc avait un goût de terre mouillée et le rouge un tannin sucré propre aux vins de l’Amérique du sud. Dixit Oppel.
À Lamballe, Pouy a asséné – au bar, parfait ? - la citation suivante : « Le vin est un liquide rouge sauf le matin quand il est blanc ». Et ce disant, il a repris un ballon. De blanc.
À Lamballe, Pouy a donc réaffirmé son attachement à Prévert et sa haine du jazz.
À Lamballe, Villard a dit à Maugendre qu’il devait changer le nom de son site Mystère jazz. Ça fait peu polar. Notre barbu normand (Oncle Paul) y songe.
À Lamballe, les papous avaient la tête au quai des rêves et Serge Joncour était aussi rouge que les piments d’espolette introduits dans les oreilles de la victime d’un roman interactif lancé par Pouy.
À Lamballe, chaque auteur invité avait nommé le polar de ces 15 dernières années. Le choix de Tutu était celui de Gregory McDonald, Rafaël, derniers jours, histoire d’égayer son suicide , celui de Michel Leydier, Nadine Mouque d’Hervé Prudon, évidemment et Jean-Bernard Pouy le roman de Caradec : Le doigt coupé de la rue du bison. « Je suis sûr qu’il y a une contrepèterie mais je l’ai pas trouvée ».
À Lamballe, Crifo portait des lunettes noires et s’est planté grave en confondant un titre de Joe Dassin (Le petit pain au chocolat) avec – je cite de mémoire hésitante tant Tutu était ahuri – un single de Bob Dylan.
À Lamballe, les chiens de Didier Daeninckx et Nadine Monfils se sont frotté la truffe. Mais que fait la SPA ?
À Lamballe, l’AG de 813 ne comptait pas 813 adhérents. Mais que fait la police ?
À Lamballe, Marin Ledun a eu le prix du meilleur polar francophone de l’année pour Les visages écrasés (Seuil). Il a serré des mains, reçu une bouteille de champ et a bredouillé deux trois remerciements. Ému, il était content que ce soit pour ce livre-là, pour des raisons personnelles qu’il n’a pas évoqué. Tutu l’a félicité pour son prix en lui serrant la main, on n’est pas des veaux !
À Lamballe, Marcus Malte n’a pas reçu de prix mais sa discrétion, son sourire gêné quand Tutu lui a serré la paluche pour Les Harmoniques (Série Noire – Gallimard), a été plus forte qu’un prix.
À Lamballe, Jean-Huges Oppel a tamponné de nombreux ouvrages jeunesse : Tigre ou orque ? Et hop ! Un coup de tampon sur le livre.
À Lamballe, Mouloud a constaté qu’il était déjà là il y quinze ans, et encore là aujourd’hui. Il n’a pas oublié, deux secondes, le monde ouvrier. Il est comme ça Mouloud, il aime Zebda. Mais il ne partage pas tout avec le chanteur Magyd Cherfi. Une polémique en perspective sur rue89 ?
À Lamballe, on a demandé des nouvelles de Mizio et Thiébault.
À Lamballe, Robert était de retour. Vous ne saviez pas qu’il était parti ? Ben, faut se mettre au courant de l’actu coco ! Séance de rattrapage avec Robert est de retour aux Éditions Terre de Brume.
À Lamballe, la brochette des auteurs robertiens comptaient cinq auteurs réputés (à part Oppel, on ne voit pas qui sont les quatre autres – désolé Denis) et cinq amateurs, tous content d’être là.
À Lamballe, James Lee Burke a obtenu le prix du meilleur polar étranger (La Nuit la plus longue – Rivages Thriller). Ce sont Jeanne Guyon et le fils de Guérif qui sont venus remercier les ziens et ziennes d’avoir récompensé le lyrisme de l’auteur (dixit le fils à Guérif – désolé, Tutu ne sait pas si c’était Julien ou Benjamin) retranscrit avec talent par le traducteur Christophe Mercier.
À Lamballe, Gérard Alle a réussi à imposer le mot « Pal » aux papous alors que Crifo s’est vu refuser la Suède, le jury lui préférant le mot « bigouden ». On croit rêver. Tutu avoue avoir été tenté de proposer Mouilleron-le-Captif.
À Lamballe, on a décidé à l’AG de 813, de créer un prix pour la BD.
À Lamballe, on a décidé à l’AG de 813, de ne pas donner un prix à quelqu’un qui l’avait déjà eu. Dans le fond François Braud a lâché : « Quand Caïn a eu le prix, on a niqué tout le polar français vu le nombre d’auteurs qui barbouillaient dans la revue crypto-biblique ». Personne ne l’a entendu.
À Lamballe, le Québec s’entendait, quelquefois, dans les propos de Pascal Millet. Le chum s’est plaint d’être très mal distribué et diffusé en France.
À Lamballe, Hind Boutaljante s’occupait de John Harvey. John Harvey ? Are you John Harvey ? Yes i’am. Here you are. Thank you. Souvenir du premier dialogue de la 6èe de Tutu en anglais, une historiette d’un garçon qui trouvait le cahier d’un certain John Harvey par terre et qui rendait à John ce qui est à Harvey. Rendons donc à l’auteur ce qu’il mérite : son talent.
À Lamballe, François Guérif pouvait être fier de ses fils, Benjamin et Julien. Le flambeau de l’édition ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas.
À Lamballe, Patrick Pécherot avait délaissé sa carabine pour son stylo, sa grippe encore prégnante expliquant sans doute ce changement.
À Lamballe, des absents ont été regrettés. Quant aux présents, trop tard, ils étaient là.
À Lamballe, Frédéric Prilleux courait dans tous les sens, ce qui ne l’a pas empêché de résumer avec talent l’AG de 813.
À Lamballe, la question taraudait les auteurs du festival encartés à 813 : Peut-on manger avec les festivaliers et avec les adhérents 813 en même temps ? Vaste programme.
À Lamballe, Hervé et Christine ont lu des extraits de livres d’auteurs tout le week-end dans un tout petit placard avec une petite loupiote.
À Lamballe, Hervé Delouche était satisfait de l’AG de 813. Il a repris deux fois du coca.
À Lamballe, Hervé Commère était ravi d’être là. Il a repris deux fois de la bière.
À Lamballe, Hervé Delouche et Didier Daeninckx se sont croisés. Aucun esclandre. Étonnant, non ?
À Lamballe, la plus française des Anglaises, Stéphanie Benson, a confié à Tutu des choses qu’il ne peut répéter.
À Lamballe, Sylvie Rouch a été arrêté à deux heures du mat dans la nuit de samedi à dimanche par les archers du roi de la maison bleue. Résultat : 0 gramme ! Bravo !
À Lamballe, des auteurs dormaient chez l’habitant, d’autres avaient choisi l’hôtel. Sans commentaire.
À Lamballe, Patrick Bard a-t-il pris plus de photos qu’il n’a dédicacé de livres ?
À Lamballe, la compagne de Pouy (Prune – je dis ça pour votre côté people) a passé un bon week-end.
À Lamballe, Claude Mesplède a chanté. Et on a évoqué son frère décédé au printemps, en lisant une de ses nouvelles lors de l’AG de 813.
À Lamballe, Dominique Sylvain a été gênée par le fumée de la cigarette de Pouy qui ne peut passer une AG sans s’en griller une, à la porte entrouverte de la salle.
À Lamballe, Max Obione a affirmé que l’AG était souveraine et qu’il fallait voter. Et qu’on en finisse !
À Lamballe, deux auteurs jeunesse se sont éclipsés avant l’enregistrement des papous (3 heures, ça calme !). Les pleutres…
À Lamballe, des débats ont eu lieu, menés par des modérateurs, dont Christine Ferniot. On s’est demandé où allait le polar et on a entendu les nouvelles voix du polar. C’est dire si ça a chié.
À Lamballe, Marc Villard n’a pas compris la question du modérateur Alain Le Flohic. Ce dernier l’a répétée. La question, suivez, merde ! Il l’a répétée. Marc Villard a alors refusé d’y répondre et a dit : « Je veux parler d’autre chose ». Ce qu’il a fait.
À Lamballe, Marc Villard a asséné à Hubert Ben Kemoun qu’il avait publié plus de recueils à l’Atalante que ce dernier avait lus. Merde s’est dit le Hubert, j’en ai loupés. Et Marc de repartir de son pas de sénateur rock n’roll.
À Lamballe, Michel Leydier a dit qu’il devrait aller chez le coiffeur et François Braud qu’il devrait se raser.
À Lamballe, Jo G. (comme Maurice, ça veut dire quoi le G. ?) Pinelli a usé ses fusains. Grave.
À Lamballe, Alain Wagneur, comme de nombreux auteurs parisiens, est arrivé en retard, à la fin du repas du samedi midi. C’était prévu mais pour se faire remarquer, y a pas mieux.
À Lamballe, Pouy n’avait pas de chapeau mais Daeninckx ses lunettes et Alain Le Flohic ses cheveux gris long filasse – dixit Loïc, le maire.
À Lamballe, les organisateurs de Mauves étaient là. On vient faire son marché.
À Lamballe, chacun est reparti dans son automobile ou en train. Pouy était en première, merci France-cul (« en attendant, c’est pas le festival qu’a payé »).
À Lamballe, d’autres auteurs ont sans doute accompli des exploits que Tutu n’a pas remarqués. Hé, je ne suis pas partout.
À Lamballe, le week-end est fini.
À Lamballe, Tutu y retournera même si on l’invite pas.
Tutu reporter







Misères du sponsoring

On ne cesse de le raconter, le milieu du roman noir va mal, et cela des lustres que ta Tata te rapporte les mille et une combines imaginées par auteurs, éditeurs sinon certains festivals pour continuer de pouvoir croûter sans se remettre en cause ni s'interroger sur ce qu'ils font. Dernière innovation en date relevée par un neveu il y a quelques temps lors du dernier salon de Roissy-en-Brie : le sponsoring. Quelques-uns ont donc accepté de se mouiller avec des marques différentes pour une campagne de santé publique/privée comme c'est l'usage depuis le dernier gouvernement (en échange d'une forte somme en liquide). "L'idée géniale est de les montrer avec de l'eau. C'est totalement inattendu car on sait que ce n'est pas ce qu'ils préfèrent, et les gens verront bien que certains ne se lavent même pas les dents avec ça. D'où l'effet surprise sur le consommateur et un fort impact en terme de mémorisation de marque. Voir Mouloud Akkouche au Perrier par exemple, ce n'est pas rien : les gens en parlent entre eux, car ils sentent bien qu'une époque est sacrément tournée", confie l'un des responsables de la campagne de communication heureux de son bon coup et de cette première. Dores et déjà une autre campagne est envisagée avec des rouleaux de papier roses, pure ouate de cellulose : "Toutefois les négociations avec les auteurs sont compliquées. Il y en a qui se méprennent sur nos intentions et la raison pour laquelle on les a choisi". Mouloud Akkouche prescripteur d'eau ? Si on voit bien le produit sur l'image, reste à savoir si le consommateur va s'identifier à cette star des médias.
Alors que les salons et festivals du polar perdent en saveur (de moins en moins d'alcool (> on en a parlé ici), des débats toujours plus sans relief, des thrillers fadasses..., la boucle serait-elle bouclée avec cette campagne sur l'eau ? "Le polar, qui veut tout révéler, est adepte de la transparence. Quel meilleur autre produit que l'eau pour porter ses valeurs ?" suggère-t-on à l'agence de communication.
Ils sont trop forts ces publicitaires. Ils arrivent à faire dire n'importe quoi. Ta Tata est béate d'admiration.

C'est qui ?
(Ta Tata qui ne va plus en festival ne connaît pas).
En tout il n'a pas l'air réjoui d'être passé à l'eau
où alors il lui en faut une deuxième
pour digérer ce qui semble encombrer.

Mouloud Akkouche montre le produit

Catherine Diran

Sylvie Cohen

Pierre Hanot

Nadine Monfils a grandi depuis
qu'elle est passée à l'eau

Eric Yung

La même image, mais le chien regarde dans l'autre sens :
lui aussi cherche un endroit où éliminer


Mouloud n'a pas tenu longtemps.
Prochaine étape : le whisky dedans

Jacques Mondoloni qui
par ailleurs va interpréter Lawrence d'Arabie
dans un ballet, et travaille donc ses pointes en sandalettes