Ce n'est pas parce que les auteurs de polar se documentent de façon extrêmement rigoureuse que des divergences n'apparaissent pas entre eux quant aux faits qu'ils souhaitent restituer aux lecteurs exigeants. Exemple d'un cas aussi étrange qu'insolite, sinon aussi étonnant qu'inattendu....
Lors du dernier festival de Frontignan une polémique est née entre Jean-Paul Jody (chemise blanche) et Hervé Le Corre (casaque rouge). Tous deux, hasard incroyable de la création littéraire, viennent en effet de créer "en s'ancrant dans l'actualité", chacun dans leur coin et sans se concerter le même personnage ! "C'est un phénomène qui n'arrive qu'une fois tous les cent mille deux cent quatre vingt quatre treize dix ans", précise Claude Mesplède qui tenait heureusement une fiche là-dessus, "au cas où...", et que ta Tata a réveillé en pleine nuit pour l'occasion grâce à son nouveau service "sommaire/docu" par SMS (*).
Des divergences qui peuvent avoir d'incroyables répercussions sur l'intrigue
Malgré l'étonnante similitude du postulat de leurs romans respectifs, les deux auteurs n'ont pas écrit la même fin... à cause de leur façon d'envisager le geste criminel et horrifique du psychopathe !
"C'est en cela que le polar est fascinant, continue Claude Mesplède sans relâche alors qu'il est déjà trois heures du matin : "Deux auteurs peuvent écrire le même livre, avec les mêmes personnages, la même intrigue... et imaginer chacun une fin différente ! C'est vertigineux si on y réfléchit, au lieu de penser à n'importe quoi d'autre. Rendez-vous compte des probabilités ! Dans l'histoire du polar, le nombre de conjonctions similaires ne doit pas dépasser le poids de la Tour Eiffel sans le dernier étage, ou si l'on préfère une image plus aisément concevable, la superficie de deux stades de football et demi".
La divergence, entre les auteurs, ayant mené à des issues romanesques différentes est pourtant mince : pour Jean-Paul Jody, le maniaque arrache l'oeil de sa victime en agissant par un mouvement du bras venu par en dessous (voir photographie-démo ci-dessus : coude baissé), tandis que pour Hervé Le Corre, c'est par en dessus (voir photographie-démo ci-dessous : coude levé). Un simple détail, et pourtant la mécanique implacable et rigoureuse de la littérature policière ne mène pas au même dénouement !
"Si tu lèves le coude ou non, cela change tout", explique Jody qui n'en dit pas plus au risque sinon de dévoiler le ressort de son livre. "On ne se rend pas compte des conséquences sur l'intrigue : c'est l'effet papillon" explique de son côté Hervé Le Corre qui n'en dit pas plus au risque sinon de dévoiler le ressort de son livre.
Ta Tata a bien sa petite idée, mais elle n'en dira pas plus au risque sinon de dévoiler les ressorts de leurs livres... Quant à Claude Mesplède, celui-ci se demanderait avec un léger coup de fatigue s'il ne va pas lui falloir refaire un tirage de son Dictionnaire Galactique des Auteurs de Romans Policiers depuis le Big Bang ; cette fois comportant un article sur les méthodes d'énucléation : "Si jamais une seule personne me demande pourquoi je n'en ai pas parlé, je suis vraiment mal. Je lui réponds quoi ? J'ai l'air fin, maintenant".
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2 commentaires:
« un serial killer énucléateur »
Tata,
Celui qui procède à une énucléation est — me semble-t-il — un énucléeur, l'énucléateur est l'instrument qu'il utilise.
Merci mon neveu, c'est corrigé !
Ta Tata
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