Jean-Paul Jody, inventeur de la valise à roulettes télécommandable pour écrivains


C'est lors du dernier festival rue des Livres de Rennes que Jean-Paul Jody a révélé sa dernière invention qui on l'espère lui fera quelque fond de caisse en attendant le versement de ses droits d'auteur en 2034 : "C'est la première valise à roulettes télécommandable !" (cliquez sur l'image pour voir l'invention en plus grand). "Je me suis dit que si la valise s'était affranchie depuis longtemps du fait d'être portée, elle pouvait l'être du fait d'être tirée, voir de se passer complètement de son utilisateur et faire les déplacements avec ou sans lui. C'est la deuxième génération, en somme".
Le modèle présenté ici, du nom de prototype "R2D2" (R2 pour "2 roulettes" et D2 pour "double usage"), se dirige pour la démonstration vers Pascal Millet dans le cadre de l'usage de la fonction low level.
"Il y a en effet un double usage. Premièrement, avec la télécommande, je fais marche avant, arrière, sur les côtés et le bouton "jump" la fait sauter directement dans le coffre. En second point, la valise -lorsqu'elle sent que sa batterie est proche de zéro (low level)- m'envoie un SMS pour que je déclenche la fonction manuelle. A ce moment, j'appuie sur "scan", puis sur le bouton "catch" et elle chope la première personne dans les parages pour être portée. En général, ça amuse les gens et ils ne renâclent pas. Je me suis même fait des amis ainsi et pourtant elle est lourde". Jean-Paul Jody convient qu'il y en a hélas qui parfois s'incrustent et qu'il a fallu "les virer à coups de pompe de ma piaule ou leur donner un pourboire en pièce jaune".
Une formule en tout cas très séduisante à l'heure où les écrivains en voie de paupérisation sont contraints de se déplacer toujours plus de salon en salon pour pouvoir économiser un loyer, du savon et des repas chauds. "Avec ma valise, moyennant un investissement modeste, on peut faire du nomadisme littéraire efficace et récupérer une partie de nos impôts en vivant de subventions culturelles, ce qui amortit rapidement l'acquisition. Pour la recharger, on se branche n'importe où, sans payer bien sûr, car faut pas déconner non plus. J'insiste enfin sur le fait que ma valise ne pollue pas et qu'elle est d'un coût carbone inférieur à un cigare de Jean-Hugues Oppel."
Vu l'accueil enthousiaste réservé à son prototype, Jean-Paul Jody se prend déjà à faire des projets et de la recherche et développement : "Sur le même principe, je songe à un vanity case pour le fameux polar féminin et à un casier à bouteilles pour certains confrères qui, à mon avis, seront demandeurs. Enfin, comme ça vieillit de plus en plus dans le polar, je vais aussi proposer une télécommande à grosses touches. Il ne s'agirait pas qu'un bigleux sous tremblote nous fasse un carnage dans une foule de festival en perdant le contrôle de sa valise à roulettes".

2 commentaires:

Christian D. a dit…

« Désormais, tout doit, paraboliquement, rouler, glisser, suivre sans effort, le practico-inerte se mettant au diapason de l'idéologie (voir Baudrillard). Partout, la valise à roulettes a changé radicalement la relation ergonomique de l'homme à son semblable. Avant son apparition, la distance, physique, intellectuelle, et même sentimentale, entre l'homme et son prochain se situait entre le demi-mètre et le centimètre, évitant collision et collusion tout en admettant une solidarité par compromission. Maintenant, si l'être humain regarde en l'air pour oublier la bassesse des choses et ne met pas deux mètres entre lui et son congénère, il a de grandes chances de se casser la gueule. Métaphore senso-sensique. A bas le monstre ! A bas la valise à roulettes ! »
Jean-Bernard Pouy, Monstrum roulettibus, in Cabinet de monstruosités, Master professionnel Edition, Université Paris IV-Sorbonne, 2006, pages 159-160.

Ta Tata rapporteuse a dit…

Bien vu Christian. Ta Tata connaissait ce texte, mais ne se souvenait plus où elle l'avait lu...
Sur la valise à roulettes, lire les réflexions également du philosophe Botul dans "Métaphysique du mou".
Tata