Dans les années 90, un sévère constat fut établi : le polar, le néo polar et le roman noir s'essoufflaient. Archétypes usés, clichés, marronniers... s'en était trop et on risquait de lasser le lectorat.
Quelques auteurs et acteurs majeurs du milieu se réunirent pour tenter de trouver des solutions et lutter contre ce qu'on appelait alors "la marée blanche" : à savoir, les tentatives d'étouffement du genre par la littérature générale.
Après plusieurs réunions de remue-méninges, un groupe de travail nommé "Comité pour un nouveau polar français" (CNPF) parvint à la conclusion qu'il fallait trouver de "nouvelles substances". Soient :
1) nouvelle substance romanesque ("penser global, écrire local"),
2) nouvelles substances prohibées (qui auraient été prétextes à des trafics, pour alimenter les intrigues),
3) nouvelles substances à absorber pour stimuler leur créativité.
Il fut décidé en un premier temps de se focaliser d'urgence sur les deux derniers points.
C'est ainsi que le CNPF Toulouse se réunit un soir chez Pascal Dessaint pour une première approche expérimentale en mélangeant :
- 1/4 Côtes du Frontonnais
- 1/4 AOVDQS de Lavilledieu, encépagé de Négrette
- 1/4 Rhum cubain
- 1/4 Whisky.
Le tout devant se prendre avec des capsules de Cosmix Banditos, une amphétamine coupe-faim trouvée dans un bureau-cave à St Germain des Prés (Paris), et ainsi composée : C3H5(NO3)3 + 3H2O.
L'expérience fut, loin s'en faut, guère concluante, même si les analystes estiment que près de vingt plus tard on en relève quelques conséquences :
- Maurice G. Dantec commença à voir apparaître des matrices schyzoïdes quelques mois après. On dit que cela continue d'empirer depuis sa vision d'une colonne de lumière et d'une voix grondant dans le ciel.
- Pascal Dessaint s'est mis à voir le noir en vert, puis à se déclarer locavore (consommation principale de Fer-Servadou, un vin du coin).
- Claude Mesplède a commencé à ne plus supporter que l'ombre, au prix d'une sinistre réputation récupérée depuis par les médias.
- Ida Mesplède a vu sa chevelure virer brusquement au rouge acajou.
Seul, Patrick Raynal résista (à droite avec les lunettes lollypop façon manager de Nicolas Peyrac qu'il essayait alors d'imposer dans le milieu) : sans doute une question de volume sanguin et d'une certaine mythridatisation. Cela étant, dans les mois qui suivirent on le vit prendre des sucrettes, mais là aussi, comme dans sa volonté de créer la mode lollypop : il ne connut aucun résultat notable.
Le projet fut donc abandonné.
(A suivre).
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