Quand le polar est tendre et émouvant

Ta Tata est une grande sentimentale. Elle s'attache, elle est comme ça quand elle aime. Elle traîne sur le Web et lit les gens du polar pour qui elle éprouve de la tendresse, ici et là. Elle rit, elle s'émeut. Elle découvre ce qu'ils racontent sur le blog en se déboutonnant comme après un bon repas, car c'est forcément révélateur de qui ils sont, ou forcément de ce qu'ils pourraient devenir. Ca les lui rend un peu plus proches. 
Et là sur le blog-miroir d'Antoine Chainas, intitulé sobrement "Chainas : une excroissance",  elle découvre sous le titre "Précoce" une copie de nouvelle polar écrite quand il était tout petit. Lisons ce qu'écrit Antoine Chainas sur lui-même, s'offrant au regard public en une touchante impudeur  : 

"Tout petit, déjà, Antoine Chainas s'adonnait aux A.D.H.S.M.S.C. (Activités Délictueuses et Hautement Subversives en Milieu Scolaire Sévèrement Contrôlé) et faisait preuve d'un goût prononcé pour la déviance populaire.Voici les deux premiers feuillets d'une longue nouvelle policière (huit pages, mazette !) écrite à onze ans dans le cadre d'un recueil de fin d'année..."

C'est mimi comme tout. Vous devriez lire la suite. Il parle de lui à la troisième personne. Il construit peu à peu sa légende et on la voit qui se bâtit. Il se mire et se trouve finalement formidable et cohérent. D'ailleurs ne l'est-il pas ? Alors ta Tata tellement pathos, hé ben, elle écrase une larme. Elle est comme ça, toujours l'émotion qui lui monte. Parfois c'est le fou-rire, parfois c'est les yeux rougis. Là, elle voit rétro-naître un grand écrivain. Qui se serait douté qu'un jour le petit Antoine écrirait si bien, un beau roman qui commence comme ça ? :

« Enfoiré ! Espèce de tapette à la con ! Sale fiotte de merde ! Pedzouille ! Putain de bouffeur de terre jaune ! Enfileur de bagouses ! Tu crois que je vais me laisser faire, tata Yoyo ? Tu crois que j’ai peur de toi ? Peur de ce que tu pourrais faire ? Mais je t’emmerde ! Je t’emmerde bien profond. On va aller au bout, et que ça te plaise ou non, tu vas me suivre. T’entends ça, pédé ? Tu vas me suivre. »

FM

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Versus est grand et Chaînas petit.

Anonyme a dit…

Voilà une chronique étonnante de la part de quelqu'un qui se présente ainsi (dans un de vos blogs) :
"Qui suis-je ? Un écrivain dans son temps, une terre de contraste, un écrin de verdure et une bouffée d'oxygène."
Seriez-vous seul à manier le second degré ? Ou êtes-vous imperméable à celui des autres ?

Anonyme a dit…

Réponse à Jlcheche :
Bonjour,
Vous tapez juste et dur : je croyais être le seul auteur capable de manier le second degré (et comme je reste quasi inconnu et jamais assez célébré à ce titre, j'en suis devenu aigri et fielleux, d'où ce genre de chronique, sans doute)... et là, je découvre que nous sommes au moins deux à exercer ce rare talent. Cette pratique de l'humour que je ne lui soupçonnais pas (comme quoi, on se croit malin, mais on n'est pas sensible à toutes les subtilités), me fait, maintenant que vous me l'apprenez, tout reconsidérer. Et oui, je vois qu'est un humoriste et un virtuose du second degré. D'ailleurs une de ces dernières chroniques, celle où il reprend Philip K. Dick très modestement ("je suis vivant et vous êtes morts" http://zymansky.over-blog.com/article-23134660.html) est en effet à pisser de rire. Il est drôle, oui, finalement. Le sait-il seulement ?
Merci en tout cas de m'avoir ouvert les yeux.
(Mais bon, je n'ai rien contre lui et vous ne devriez pas faire comme moi, perdre votre temps à ergoter. C'est d'un vain).
Bien à vous
FM

Anonyme a dit…

Bonjour et merci de cette rapide mise au point qui ne me rassure pas du tout.
Car la question que je me posais et à laquelle je n'aimerais pas avoir à répondre était la suivante :
Qu'est-ce qui peut pousser un écrivain connu (ne vous en déplaise) et reconnu à balancer une goutte de fiel (une petite goutte d'accord, mais de fiel quand même) sur un nouvel auteur qu'il n'a certainement jamais rencontré, à qui il n'a certainement jamais parlé ?
Mystère, mystère...
Vous me direz que c'est votre blog, que vous écrivez ce que vous voulez et que je ne suis pas obligé de lire.
Mais vous savez ce que c'est, on navigue, on navigue et on tombe dessus par hasard. Et on se met à ergoter, même si c'est vain.

Anonyme a dit…

Bonne question : pour être exact, il ne m'a rien fait, et il a le droit d'écrire ce qu'il veut (bon sang !, heureusement et évidemment!). En revanche, en publiant ça, il s'expose, et même à la raillerie. Nous sommes je trouve dans une époque lénifiante, vraiment intellectuellement inepte dans laquelle on passe son temps à s'entreflatter, à louer ce qui est spectaculaire, mais pas forcément ce qui est pertinent, et puis on passe à autre chose.Tout ça manque de distance et d'esprit critique. Un auteur qui s'expose et fait le paon sait qu'il pourrait se faire gausser. Mais faut-il qu'il réfléchisse à ce qu'il écrit et ce qu'il peut suscite dès lors qu'il a trouvé son public.
Railler, on peut le faire, personne ne le fait, je le fais au hasard de mes lectures car ça m'amuse et parce que je trouve que c'est sain et vital pour tout le monde. Je dirai même que c'est nécessaire. Quelle différence avec une autre personnalité publique qu'on moquerait, comme il y en a temps ? Quelle différence avec les Guignols de l'info ? Je ne cherche pas à nuire (j'ai même une grande capacité et une belle facilité à admirer), j'aime simplement mettre l'accent sur des choses qui passent comme ça...
Il y a dix ans ou plus, lors des premiers romans de Dantec, j'ai fait pareil : j'expliquais que ce type était un allumé furieux et peut-être toxique (mais pour Dantec, je voyais venir un ennemi. Chainas, lui, rien à battre en fait). Que je sentais un truc pas clair chez Dantec dès ses premiers bouquins surestimés et bourrés de bluff). Je le faisais sous la raillerie et on me rétorquait que j'étais malade, aigri, jaloux etc. Aujourd'hui, je ris plus fort. J'avais raison (de mon point de vue politique). La mode Dantec retombe et le n'importe quoi des médias à son encotre va s'éteindre peu à peu. Entendons-nous bien : je ne suis ni flic ni moraliste et je ne patrouille pas. Un truc sur lequel je tombe me fait réagir, je réagis et c'est tout. Et Chainas a du succès (ou pas), et alors ? Je m'en tape, on ne fait pas la même chose et de toute façon je ne suis en concurrence avec personne car il ne peut y avoir entre auteurs, il n'y en a qu'entre produits. J'use de mon droit de ricaner et je suis prêt à en assumer les conséquences car c'est un des points de liberté sur lequel je ne transigerai jamais.
Par ailleurs, on peut me dézinguer moi aussi si on a du temps à perdre : j'ai trop de jalousie sur le droit au rire pour ne pas respecter celui des autres.
Enfin, mes gesticulations sont inoffensives, rassurez-vous.
Bien à vous
FM

Anonyme a dit…

Dont acte !
Je crois quand même que si je dézingue mon voisin quand il s'expose en allant faire ses courses et qu'il fait le paon en taillant le bout de gras à la caissière, c'est surtout parce que sa tronche me revient pas.
Enfin, pour ce que j'en dis...
Bien à vous et à bientôt, ici ou ailleurs sur la toile, pour un nouvel accrochage.

Anonyme a dit…

C'est vrai que monsieur Mizio est très connu pour son sens de l'auto-dérision.
Et c'est vrai que monsieur Chaînas est petit, tout petit.
Monsieur Chaînas est drôle. Le sait-il seulement ?
Monsieur Mizio ne l'est pas. Le sait-il seulement ?
L'un dans l'autre et dos à dos, pour reprendre cette belle formule : vraiment, quelle époque intellectuellement inepte !
P.S : Et vive Dantec !!!

Anonyme a dit…

Dont acte ! Yeeea !
Enfin, moi je signe mes propos. J'assume, hein mon Toto ?
FM